Le Festival d’Art Urbain Coul’heures d’Automne s’inscrit avec délicatesse dans le paysage d’Antibes & Juan-les-Pins

Le Festival d’Art Urbain Coul’heures d’Automne s’inscrit avec délicatesse dans le paysage d’Antibes & Juan-les-Pins

24 novembre 2023 0 Par Séverine

Je suis l’évolution du Festival Coul’heures d’Automne à Antibes / Juan-les-Pins depuis sa création. Je trouve toujours étonnant, voire suspicieux, de découvrir l’attrait d’une ville pour l’art urbain dont le graffiti n’est pas ancré dans son ADN. Entre-nous l’ADN de Juan-les-Pins c’est surtout l’un des plus beau festival de Jazz au monde, c’est la douceur de vivre de la Côte d’Azur, un have de paix coincé entre la cinématographique croisette et le glamour de la baie des anges, la belle bleu qui scintille de mille feux sous un soleil resplendissant… tout sauf le graffiti et l’art urbain !

 

Port Vauban - Antibes - mer mediterrannée - Photo ©Altinnov

Port Vauban – Antibes – Photo ©Altinnov

 

Vous imaginez donc que lorsque ces deux jolies petites villes se sont lancées dans un festival faisant intervenir des artistes de rue cela n’a pas dû être une mince affaire ! Aussi quand j’ai reçue l’invitation de la région à venir y faire un tour, je l’avoue, j’y suis allée avec réticence et également une grosse pointe de curiosité puisque ce festival laisse transparaître, hors saison estivale, une ambiance festive qui pourrait ressembler à celles des friches du Nord de Paris où le son du hip hop se mêlait aux gestes des graffiteurs ! Au fil de mes découvertes vous pourrez juger par vous-même si ce pari un peu fou est réussit… ou pas !

 

Un festival discret qui prend son envol

Le Festival Coul’heures d’Automne existe depuis 2020 et pourtant les médias spécialisés dans l’art urbain ne lui offre que peu de visibilité. C’est peut-être pour cette simple raison que je ne m’étais pas donné la peine d’investiguer au delà de Marseille afin de découvrir de nouveaux spots pour le plaisir de vos yeux ! Mais sincèrement se promener dans les villes d’Antibes et Juan-les-Pins c’est plutôt agréable… Avec en plus, en cerise sur le gâteau, des œuvres assez majestueuses que demander de plus ?

 

Festival Coul'heures d'Automne - Le Jardin d'Eden - Oeuvre du Duo MonkeyBird - pochoir - Street Art - Juan-les-pins - Photo ©Altinnov

Le Jardin d’Eden – MonkeyBird – Photo ©Altinnov

 

Avant même l’heure du rendez-vous fixé avec l’équipe du Festival et celle de la ville, je me suis extirpée de l’hôtel à l’aube pour aller prendre le pouls de ce Festival d’art urbain. Je suis un électron libre, un tantinet allergique aux visites guidées 😉 Ma première découverte a été de taille puisque je suis tombée en pâmoison devant une œuvre aussi immense que majestueuse du duo MonkeyBird, les orfèvres du pochoir. Un jardin d’Eden dont les lignes s’inscrivent admirablement avec le joli parc qu’il domine !

 

 

Au fil de mes pas je réalise qu’ici il n’y a pas de thématique globale mais le réel désir d’inscrire les œuvres dans leur environnement urbain direct. Une œuvre qui s’adresse à une audience prédisposée à la recevoir. Une œuvre qui ne vient pas heurter l’œil mais renforce la destination et l’usage d’un espace urbain. Ainsi on retrouve le « Baby Love » de l’artiste Wanjah faisant fasse à un magnifique carrousel, ou encore, le Jazz des cigales, réalisé par l’illustrateur et muraliste Williann, en clin d’œil à la fameuse « cricket song » d’Ella Fitzgerald, sur le mur du musée de l’école.

 

festival Coul'heures d'Automne - le Jazz des Cigales - street artist Williann - Antibes - Photo ©Altinnov

Le Jazz des Cigales – Williann – Photo ©Altinnov

 

Dans la ville les œuvres, présentes et nombreuses, savent se faire discrètes ! Le jeu est donc de bien ouvrir les yeux puisqu’il vous serait très facile de passer devant la magnifique gravure d’Olivia Paroldi ou encore les délicats moutons d’Alberto Ruce sans les voir ! Il en est de même pour les micro-personnages d’Isaac Cordal dont certains ont été volés ou encore la calligraphie trompe l’œil d’Astro qui s’inscrit comme si elle avait toujours été là dans le paysage urbain.

 

Festival Coul'heures d'Automne - gravure sur bois d'Olivia Paroldi - Antibes - Photo ©Altinnov

Olivia Paroldi – Photo ©Altinnov

Street Art - Moutons par Alberto Ruce à Antibes

Alberto Ruce – Photo ©Altinnov

Street Art XXS - oeuvre de Isaac Cordal à Antibes - Photo ©Altinnov

Isaac Cordal – Photo ©Altinnov

Calligraphie Street Art - ASTRO - Antibes - Street Art - Photo ©Altinnov

ASTRO – Photo ©Altinnov

 

A ce stade de la découverte, il me manque la « vibe », le truc en plus… car même si je salue cet effort d’intégration parfaite en réponse à l’urbanisme existant, je ne sens pas vraiment les poils se dresser sur mes bras ! L’œuvre des MonkeyBird a mis la barre très haute et je ne sais si toutes ces jolies œuvres délicates vont suffire à réveiller l’enthousiasme et les émotions qui sommeillent en moi.

 

Equité - oeuvre réalisée par Cesar Malfi et jennifer Miller le 8 Mars pour la journéee internationale de sdroites des femmes - Antibes - Street Art - Photo ©Altinnov

Cesar Malfi & Jennifer Miller – équité – Photo ©Altinnov

 

Mais voilà qu’en sortant de ces magnifiques petites rues piétonnes, les œuvres commencent à prendre de l’ampleur. Les murs sont plus modernes, les immeubles plus hauts, et donc les surfaces d’expressions plus grandes. Je découvre pour la 1ère fois le travail de César Malfi, étoile montante de l’art urbain azuréen dans une œuvre réalisée à 4 mains avec l’artiste Jennifer Miller peinte le 8 Mars pour la journée internationale des droits des femmes. Dans un immense passage tout en longueur ce sont les immenses poissons « mechanimals » d’Ardif qui prennent possession des murs.

 

Poisson mechanicals par le street artiste Ardif à Antibes pour le Festival Coul'heures d'automne - Photo ©Altinnov

ARDIF – Photo ©Altinnov

 

Un carrefour peu agréable a repris vie grâce à l’abile et très flashy habillage urbain de Tim Zdeyla façade d’un immeuble est transfigurée grâce à l’incroyable talent de l’artiste Moldave Izzy Izvne… et le stade nautique se métamorphose sous l’incroyable oiseau de Kalouf qui prend son envole. Vous l’avez compris le Festival Coul’heures d’Automne ne manque pas d’œuvres XXL qui sauront vous faire rêver et surtout savent transformer les zones urbaines les moins agréables à l’œil!

 

habillage urbain à Antibes Côte d'Azur par l'artiste Urbain Tim Zdey - Photo ©Altinnov

Tim Zdey – Photo ©Altinnov

 

Festival Coul'heures d'Automne - oeuvre XXL et trompe l'oeil réalisée par l'artiste moldave Iszzy Izvne - Photo ©Altinnov

Izzy Izvne – Photo ©Altinnov

 

Festival Coul'heures d'automne - oiseau géant peint par le street artiste Kalouf

Kalouf – Photo ©Altinnov

 

Pendant ce temps, et c’est également l’avantage des festivals, certains artistes comme Dodo_Ose venu du Canada ou encore Lex Zooz d’Estonie sont en train de continuer leurs œuvres tout en échangeant avec les passants.

 

DODO_OSE en train de réaliser son mur peint à Antibes pour le Festival Coul'heures d'Automne - Photo ©Altinnov

Dodo_Ose – Photo ©Altinnov

Lex Zooz discutant avec de passants pendant le Festival Coul'Heures d'Automne à Antibes - Photo ©Altinnov

Lex Zooz – Photo ©Altinnov

 

Avant de retourner dans le centre ville afin de vous parler des Coul’Box, je ne peux pas faire impasse sur le dernier chef d’œuvre en date réalisé sur la voie rapide par Andréa Ravo Mattoni. Je vous ai déjà parlé de son travail à Boulogne-sur-mer ou dans le Tunnel des Tuileries… Ici il prend une toute autre ampleur ! Cet artiste qui avait pour habitude de sortir des musées un détail d’une œuvre existante, s’est tourné vers l’intelligence artificielle… Il enrichi désormais son propre programme et avec la technique incroyable qu’on lui connaît reproduit les images issues de son imagination et de celle de l’iA… Son œuvre monumentale a l’air de celle d’un grand maître du 18ème ou 19ème alors qu’elle combine une technologie de pointe dirigée par le cerveau de l’artiste !!! A voir et vivre absolument !

 

Festival Coul'heures d'Automne_Andrea Ravo Mattoni_(c)PhilipDucap

Andréa Ravo Mattoni – Photo ©PhilipDucap

 

Rencontre avec le public en centre ville autour des Coul’box du Festival Coul’heures d’Automne

C’est au petit matin que je rencontre les 1ères Coul’Box installées face au port Vauban… à ma grande surprise, j’aperçois un travail au pochoir extrêmement sensible réalisé par un artiste de la région, Artmor1. Je découvre des visages de femmes et d’enfants d’Inde, de Chine, du Bénin ou encore de Birmanie. Face à cette mer Méditerranée aussi belle que dramatique, je ne peux m’empêcher d’avoir une pensée pour les migrants qui fuient leurs pays… Même si ce n’est pas la thématique principale de l’œuvre d’Artmor1, ses pochoirs suscitent en moi une certaine émotion et c’est en relevant les yeux de ses œuvres que je m’aperçois qu’à 8 heures du matin, je ne suis pas la seule à m’arrêter longuement sur celles-ci !

 

 

En fait des Coul’Box il y en a un peu partout dans la ville et généralement je ne parle que rarement de ces structures éphémères car trop éphémères justement… Mais l’idée du Festival Coul’heures d’Automne c’est justement de les faire vivre une année entière en dépliant ces Box et en les exposant rue des trois moulins…

En plein centre ville à quelques pas du Baby Love de Wanjah, je prends le temps d’observer les artistes qui travaillent et les réactions des passants. Certains les abreuvent de questions, d’autres ne font que prendre des photos ; je réalise que c’est un incessant balai de discussions et d’interactions. Ces Coul’Box attirent le touriste qui ne s’attend pas à voir des artistes urbains et régalent les passionnés de Street Art qui sont venus de loin afin de rencontrer les artistes.

 

Portrait de Cillian Murphy - Oppenheimer - réalisé par le graffeur Arok pour le Festival Coul'heures d'automne à Antibes - Photo ©Altinnov

Aroke – Photo ©Altinnov

 

Pendant qu’Aroke peaufine un portrait de Cillian Murphy dans le rôle d’Oppenheimer, le graffeur Trace.mat est en train de régaler de jeunes enfants avec une initiation au graff’… (de futurs petits graffiteurs vandals.. j’adore ;-))

 

Initiation au graffiti par le graffeur Trace.mat pendant le Festival Coull'heures d'Automne à Antibes : juan les Pins - Photo ©Altinnov

Initiation au graffiti par Trace.mat – Photo ©Altinnov

 

L’interaction avec le public est fluide, douce, bienveillante… l’atmosphère est cool comme les Box et l’on sent que sur ces espaces une réelle alchimie se crée entre artistes, public et œuvres… Un vrai bonheur, d’autant plus que les artistes s’exposant sur les Coul’Box sont souvent de la région et réalisent également une œuvre à La sChOOL le cœur du réacteur de ce festival !

La « vibe » de l’art urbain azuréen est à La sChOOL sans hésiter !

Là je sent que vous vous dites que j’y vais un peu fort ! Mais non ! Dès que j’ai mis un 1er pied dans La sChOOL j’ai ressenti cette vibration unique, celle qui me fait trépigner de l’intérieur… Rentrer dans La sChOOL c’est un peu comme mettre son pied pour la 1ère fois au Spot 13 ou dans le Tunnel des Tuileries. C’est ressentir la vibration, ce foisonnement créatif, cette explosion, pas toujours maitrisée, de talents. La sChOOL fait partie de ces lieux qui respirent l’Art Urbain et quand je dis Urbain c’est au sens large et cela sous-entend musique urbaine, danse urbaine, graffitis,…

 

Artiste SUFYR en train de travailler sur son oeuvre à la School Antibes pendant le Festival Couleur d'Automne - Photo ©Altinnov

SUFYR – Photo ©Altinnov

Pika_siet en train de peindre un champignon géant à La School Antibes - Photo ©Altinnov

Pika_Siet – Photo ©Altinnov

 

Pendant que certains artistes comme Sufyr ou Pika_siet sont en train de peaufiner leurs œuvres d’autres comme Feros91 ou Insue1 s’adonnent au plaisir de la séance photo une fois leur travail achevé.

 

Graffiti Antibes - La School - Feros91 devant son oeuvre - Photo ©Altinnov

Feros91 – Photo ©Altinnov

Insue1 en scéance photo à la School Antibes devant son oeuvre - Photo ©Altinnov

Insue1 – Photo ©Altinnov

 

Il règne à La SChOOL une ambiance ultra sympathique ou la bonne humeur est décuplée par les couleurs environnantes. Il faut dire que ce centre d’art urbain hybride est le cœur du réacteur du Festival Couleur d’Automne puisqu’il est porté par l’Association Label Note fondatrice du Festival ! C’est Sébastien Hamard que j’ai eu l’occasion de rencontrer qui dirige de main de maitre cet étonnant orchestre ! Car pendant tout le Festival, qui se tient pendant les vacances de la Toussaint, La sChOOL se transforme en un lieu très festif où les rencontres se font autour d’événements musicaux et artistiques… le lieu est ouvert toute l’année et je vous recommande d’y mettre un pied vous aussi !

 

Graffiti Wild Style par Tim Marsh et Trace.Mat à La School Antibes - Photo ©Altinnov

Tim Marsh & Trace.mat – Photo ©Altinnov

 

Le Festival Coul’heures d’Automne : Fédérateur, accessible et métamorphosant ?

Je sais, vous avez l’habitude que je lance mon verdict sans préambule… Mais voilà, le Festival Coul’Heures d’Automne m’a énormément fait penser à celui des Nouveaux Ateliers de Port de Bouc. Aussi comme j’ai eu un très bon feeling avec Sébastien Hamard qui s’occupe de la direction artistique, j’ai eu l’envie de lui poser cette petite question afin de confronter mon ressenti avec ce qu’ils avaient voulu envoyer au public. Je lui ai donc demandé de se livrer au petit exercice de me décrire le Festival avec 3 adjectifs… Plus difficile qu’il n’y paraît !

Pour les deux premiers : Fédérateur et Accessible, je le rejoint à 100% ! Il suffit d’observer l’osmose entre le public et les artistes/œuvres pour en avoir le cœur net ! je pense qu’à long terme cet événement laisse une belle trace au sein de la population et devient un rendez-vous incontournable pour les habitants de la région, que certains doivent même attendre avec impatience !

Pour ce qui est de l’adjectif métamorphosant, il m’est difficile d’en juger car lors de ma dernière visite à Antibes / Juan-les-Pins j’étais fille au pair et c’était il y a quelques décennies ! Si je m’arrête à ce que j’ai vu, je pense que le Festival métamorphose en douceur, tout en conservant l’intégrité du joli patrimoine de ces deux villes… On ne peut pas parler d’immense métamorphose, comme à Bayonne ou Grenoble, mais à chaque nouvelle édition du festival c’est une nouvelle pierre à l’édifice

 

détail de l'oeuvre d'Andréa Ravo Mattoni à Antibes Juan-les-Pins - Festival Coul'heures d'Automne - Photo ©Altinnov

détail – Andréa RAvo Mattoni – Photo ©Altinnov

 

Aller déguster du Street Art à Antibes / Juan-les-Pins ça vous dit ?

Si vous passez dans le Sud et êtes irrésistiblement attiré par la belle Côte d’Azur, si vous avez une once de curiosité et quelque appétences pour l’Art Urbain ; Antibes / Juan-les-Pins saura vous offrir le meilleur des deux mondes ! Certes je ne vais pas vous dire de traverser la France, ou encore l’océan pour vous y rendre car le Festival est encore tout jeune ; mais la vitesse de croisière et la dynamique que l’équipe insuffle promettent d’en faire un lieu incontournable de l’art urbain dans les années à venir.

J’ai aimé cet étrange effet « boule de neige » en partant des petites œuvres au centre ville qui s’élargissent au fur et à mesure que les rues s’agrandissent et que la topographique urbaine se modernise. J’ai adoré la mise en lumière des artistes locaux et l’excellent équilibre entre graffitis et œuvres plus structurées, voire muralisme. J’ai trouvé intéressant le côté accessible des œuvres, même si je pense qu’après trois éditions, leurs propos pourraient être un peu plus corrosifs et engagés… (Vous l’avez compris j’essaye de fait passer un petit message, car je pense que le public est prêt ;-)).

Graffiti Antibes Juan-les-pains - Slin_world - Photo ©Altinnov

Slin_World – Photo ©Altinnov

 

Que ce soit pendant le Festival Coul’heures d’Automne ou en dehors de la période du Festival, vous trouverez forcément de quoi vous régaler à Antibes Juan-les-Pins… Pour vous aider, voici le lien vers la carte interactive des œuvres et surtout n’oubliez pas d’aller à La SChOOL !

Si l’art urbain en bord de mer vous vous séduit… n’hésitez pas à vous promener à la Seyne-sur-Mer, Marseille, Port-de-Bouc, Port-Saint-Louis, Sète ou encore au Barcarès ! De mon côté je renfile mes baskets et me dirige vers Nice ! Oui vous avez bien lu et je vous le dis de suite vous allez être très surpris 😉

A très bientôt pour de nouvelles aventures Street art

Séverine