Spot 13 : Le Spot Street Art le plus underground de Paris devenu le lieu le plus Hype de la capitale en 3 mois !

Le Spot 13 a commencé sa carrière tout en douceur. En Janvier j’ai commencé à voir apparaître sur Instagram des œuvres situées dans un endroit que je ne connaissais pas du 13ème arrondissement, non loin des galeries d’Art Urbain qui sillonnent le quartier… Les posts ont commencé à sérieusement s’intensifier en mars; et mon envie de découvrir le lieu s’est transformée en impatience… Mais voilà, j’étais à Dax, ville qui m’a offert quelques jolies œuvres au passage 😉 Il m’a donc fallut attendre d’être rentrée à Paris pour enfin vivre l’expérience Spot 13. Pendant ce temps le lieu n’était plus caché puisque sa médiatisation avait dépassé celle des réseaux sociaux pour se retrouver dans la presse !

Le Spot 13 : une friche Street Art comme on en voit rarement au cœur de Paris

Très sincèrement mis à part quelques spots au Nord de Paris et anciennes friches vers Aubervilliers ; Paris nous a rarement offert un lieu aussi exceptionnel que celui-ci. Ambiance terrain vague, friche, travaux à l’abandon, atmosphère d’un autre monde en plein Paris. Le Spot13 offre une réelle expérience immersive qui commence par une descente d’escalier qui nous amène on ne sait où !

Là je sais que vous trépignez déjà d’impatience pour connaître le lieu exact de cet escalier ! Hé bien il est collé à la galerie Le Lavo//Matik qui d’ailleurs juste avant la descente nous offre deux très belles œuvres de ses artistes Rast & Sax.

Une fois les escaliers descendus, vous y êtes et on ne sait plus où donner de la tête ! Plusieurs galeries en ruines s’offrent à vous, mais aussi des palissades, des murs extérieurs, des poteaux. Les Tags s’entremêlent aux Blazes, les pochoirs aux fresques murales géantes. Le tout est une succession d’univers qui sont toutefois assez bien définit et organisés par la team de graffeurs qui s’occupent de se spot.

Spot 13 : une succession de galeries éphémères à ciel ouvert

À l’heure où je vous écris ces lignes, je sais déjà que certaines des œuvres que je vais vous montrer ont laissé leur place à d’autres ! Le Spot 13 c’est l’éphémère dans l’éphémère puisque dans quelques mois des immeubles auront poussé ! Chaque galerie nous réserve son lot de surprises.

Entrée dans la 1^ère galerie je suis surprise par le nombre d’œuvres et notamment de pochoirs qui ponctuent les murs ! Et à la fois heureuse de retrouver la patte d’artistes qui me sont familiers comme le pochoir de Raf Urban représentant le visage de la militante Angela Davis ou encore ce visage d’enfant si percutant réalisé par L’empreinte Jo V .

Cette galerie foisonne de petites œuvres et on y retrouve des artistes alternatifs des années 80 comme Kristx Emeriat qui côtoie les nouveaux venus de la scène Street Art comme Befa ou encore The end of animals. Ça a un petit coté frais que l’on ne s’attend pas nécessairement à trouver dans un lieu comme celui-ci

Les galeries s’enchainement et ne se ressemblent pas ; je ne vais pas vous faire une visite guidée de chaque galerie, cela vous gâcherait la surprise si vous allez au Spot 13 ! Juste une sélection d’œuvres choisies pour leur diversité et aussi pour ne pas les oublier puisque ces œuvres sont toutes vouées à disparaître si ce n’est pas déjà le cas pour certaines.

 

Ces œuvres qui font du spot 13 un lieu incontournable de l’art urbain Parisien

• Je commence par la fresque qui m’a le plus étonnée et provoqué le plus de questionnement. Réalisée par Aurélien Ramboz alias S7T RBZ cette scène est impressionnante à bien des niveaux. Puissante, douce et empreinte d’une violence sourde, elle provoque en nous des émotions contraires. Une œuvre magnifiquement réalisée avec une technicité qu’on a peu l’habitude de voir sur la scène Street Art. Pour moi c’est ce qu’on appelle une « Masterpiece ». Un immense merci à l’artiste pour ce cadeau !

 

• L’atmosphère qui se dégage de l’œuvre réalisée à quatre mains par Jomad et Andrew Agutos est assez étonnante ; j’ai tout de suite pensé à une réinterprétation du mythe tahitien de Gauguin version moderne, sportive un brin RnB. Ces « Joyeusetés » – Arearea- de Paul Gaugin se retrouvent propulsées dans une nouvelle ère qui leur va bien. C’est toujours un réel plaisir d’observer à quel point les passerelles entre la peinture classique (voire impressionniste) et le Street Art sont nombreuses. J’avais adoré la lecture de l’ouvrage « Sous le Street Art, le Louvre » de Cyril Gouyette et cette œuvre me ramène à celui-ci. Je pense sincèrement qu’elle aurait eu toute sa place dans ce magnifique livre.

 

• Les visages se confondent s’interposent et l’intensité des regards nous donne à imaginer des humeurs et sentiments divers. Cette œuvre réalisée par le duo de frères Ensemble réel est la plus grande de leur carrière. On retrouve dans leur travail cette même attention au regard qui se pose au loin et leur palette de couleur est assez régulière avec des assemblages de violets, mauves et bleus que l’on n’a peu l’habitude de voir en Street Art. Un fratrie à surveiller de près !

 

• Il se dégage de ce tigre à la gueule béante et au plumage bleu une incroyable puissance. Un étonnant contraste avec la douceur de la réalisation qu’on prendrait presque pour une peinture à l’aquarelle tant les dégradés sont peu marqués par les bombes de peintures. Cette œuvre réalisée par Licea est d’un contraste saisissant. Je ne vous cache pas que c’est la 1^ère fois que je vois son travail et j’ai réellement hâte de découvrir d’autres œuvres. Une jeune artiste à suivre sérieusement.

 

• Elgee est une jeune artiste et c’est étonnant car son style picturale m’évoque les fresques de la côte Ouest des Etats-Unis d’il y a quelques années. En fait elle réunit dans cette fresque les maux du monde d’aujourd’hui : la ville et sa pollution sous cloche, le ciel de feu qui nous fait penser à l’inexorable réchauffement climatique. Et en contrechamps elle nous invite au voyage, provoque en nous des envie de nature,… tout ce dont nous rêvons depuis le début de cette pandémie qui nous a tous rendus claustrophobes. Le regard perçant de sa jeune fille est un peu comme un « suivez-moi » vers de nouveaux horizons. Une fresque plus qu’intéressante dans sa composition. Je n’avais vu de cette artiste que deux portraits et suis heureuse d’avoir découvert un peu plus de ce qu’elle a à nous offrir.

 

• J’ai choisi de terminer par ce mur parce que c’est peu être le plus emblématique du lieu. Les graffeurs ont pour habitude de travailler par crew (équipe) et de réaliser des grands formats à plusieurs mains. Il s’agit d’une vraie communauté, soudée et qui se révèle d’une incroyable générosité ; la seule visite du Spot13 vous le prouve. Ce mur logé en bout de terrain vague reflète à lui seul un monde souvent dénigré mais tellement riche et inventif. Vous trouverez de gauche à droite la signature des artistes Pesca, Djalouz, Petri et Dirtysix. Et n’allez pas imaginer que ce mur a été réalisé par des petits jeunes qui en sont à leur premier coup d’essai ; le niveau technique est élevé ! Pour l’anecdote, qui n’en est pas une Djalouz est le seul artiste Français qui ait posé sa signature sur le mythique 5POINTZ dans le Queens et il est d’ailleurs présent au MOSA Bowery – Museum of Street Art de New York – Rien que ça !

 

Précipitez-vous avant que les pelleteuses n’aient tout détruit !

Que ce soit à pied, en train, en RER, à trottinette, précipitez-vous car le temps joue contre ce lieu libre, spontané, haut en couleur et riche en styles. Un petit conseil tout de même, comme c’est le dernier spot Street Art à la mode, il vaut mieux y aller en matinée pour profiter au maximum des œuvres ! Comme je vous le disais il n’existe pas d’autre lieux avec une telle ambiance ; pour moi les seuls endroits qui puissent se rapprocher de l’univers du Spot 13 se situent soit à Aubervilliers, soit beaucoup plus loin dans le Queens avec le Welling Court Mural Project. Et pour ceux d’entre vous qui ne peuvent vraiment pas venir le visiter ; voici le petit direct que j’avais réalisé qui vous donnera une meilleure idée de l’ambiance que ces quelques lignes.

Il est temps pour moi de renfiler mes baskets pour une nouvelle aventure 😉

Prenez soin de vous !

Séverine