Exposition Empreinte Carbone : La magie de l’artiste Seth dans un monde sans fioriture

Cette exposition de l’artiste Seth sur la barge Fluctuart, située au cœur de Paris, m’a touchée en plein cœur. Et pourtant je ne fais pas dans la sensiblerie ! Elle m’a touchée car elle est discrète, humble et poétique ; à l’image de l’artiste. Elle m’a touchée car elle nous parle d’un sujet universel qu’est celui de l’enfance. Elle m’a touchée car elle met en exergue des sujets extrêmement complexes dans une douceur presque équivoque. J’en suis sortie avec un petit vague à l’âme qui me ramène à cette prise de conscience que les enfants de notre pays ont une chance incroyable. Avant de vous parler de l’exposition ; un petit point sur l’artiste s’impose !

 

Seth, le plus globe trotteur de nos artistes Français !

Julien “Seth” Malland : Artiste ou Globe trotteur ? Impossible de départager les deux passions de Seth tellement elles semblent indissociables. Pour vous le présenter, je pense qu’il est important de rappeler à quel point cet artiste est un passionné de graffiti. Fin des années 90 il a commencé à peindre des personnages sur les murs de Paris. Entouré de graffeurs, sa curiosité le pousse à étudier et archiver tout ce qui se fait en matière de graffiti. C’est ainsi qu’avec Gautier Bischoff il publie un ouvrage désormais culte dans l’univers du graffiti Parisien « Kapital : un an de graffiti à Paris ». Un ouvrage hallucinant qui répertorie tags, flops, … tous les styles d’écritures qui ont été produit en une année sur Paris. Un must-have devenu collector !

 

 

Je ne sais si le fait d’avoir un parent marin qui a vogué sur les océans est la clé de la passion de l’artiste Seth pour les voyages. Mais dès 2003 il file de l’autre côté de l’atlantique à la rencontre des peuples d’Amérique du Sud, de leurs coutumes et des artistes locaux. En 2007 on peut découvrir ses aventures et ses carnets de voyages dans un livre intitulé « Globe Painter » ; un statut qui lui colle désormais à la peau. La même année, on le retrouvera dans un programme assez génial sur Canal + baptisé « les Nouveaux explorateurs ». Programme que ma génération a dévoré avec avidité, tout comme la Course autour du monde ! Pour ceux d’entrevous qui seraient un peu plus jeunes, vous découvrirez ci-dessous un épisode qui vous en dira plus sur l’artiste Seth que tous les mots que je pourrais aligner dans cet article.

 

 

Pour cette exposition « Empreinte carbone », l’artiste Seth nous embarque avec lui dans ses nombreux voyages. Il nous offre à voir 10 années de rencontres,  partages avec les populations, et surtout ses œuvres réalisées aux quatre coins du monde qui ont laissé une empreinte ou qui ont simplement disparues.

 

Entrer dans l’exposition Empreinte Carbone c’est…

Mettre un pied dans une intimité qui n’est pas la notre… sans avoir à aucun moment le sentiment de voyeurisme. C’est sur ce fil que Seth nous expose dans des alcôves chaleureuses ses voyages en Indonésie, au Cambodge, en Chine, en Palestine, au Sénégal, en Haïti et en Ukraine. Chaque alcôve nous fait entrer dans une bulle d’intimité, l’intimité des rencontres de Seth avec les habitants et enfants de ces villages, l’intimité de l’artiste qui nous donne à voir ses esquisses, mais aussi le cheminement de ses réflexions en exposant des objets qu’il a ramené.

 

 

On ne retrouve pas les couleurs flashy des œuvres monumentales de l’artiste qui viennent égayer nos murs gris. Mais des couleurs qui viennent se fondre dans un environnement plus calfeutré. L’œuvre de Seth sert de toile fond à une juxtaposition de petits cadres, photos et esquisses. Ils viennent nous raconter leurs histoires, celle de la rencontre avec cet artiste et aussi nous montrent le rôle qu’ils ont joué et l’inspiration qui en a découlé pour l’artiste lui-même. Une histoire d’échange, de partage, de destins croisés.

 

 

Ces « tableaux » sont comme des bulles de douceur où se partagent nos sentiments… des sentiments équivoques. On contemple une immense pauvreté en toute quiétude, cela paraît invraisemblable mais c’est le cas. On sourit à la vue des jouets fabriqués par les enfants tout en s’interrogeant sur notre surconsommation indécente. On a le cœur serré devant les dessins plein d’espoir des enfants de cette école ukrainienne désormais rasée par les bombes.

 

 

L’artiste Seth nous raconte la vie de ces enfants, familles d’une façon extrêmement simple et très humaniste. A nous de découvrir leurs coutumes qui se glissent dans les détails. À nous de repositionner ces «arrêts sur image » dans la grande histoire de ces pays très souvent malmenés. À nous de nous poser les bonnes questions au sortir de cette exposition !

 

 

Le masque une thématique récurrente dans l’œuvre de l’artiste Seth

Jusqu’à la découverte de cette exposition « Empreinte carbone » je ne savais pas, ou je n’avais pas réalisé, à quel point le masque était une thématique récurrente, presque une signature dans le travail de Seth. En rentrant dans l’exposition une immense fresque représentant une enfilade d’enfants masqués fait face aux alcôves. Elle m’a ramené quelques années en arrière. J’avais eu un bref échange avec Seth sur les bords de Seine à Asnières, et lui avais dit à quel point j’avais eu un coup de cœur pour l’art urbain Mexicain et plus précisément celui de l’artiste Edgar Saner. Leurs coutumes, l’usage des motifs des textiles, les représentations animales, les masques, les mythes et les vanités sont utilisés systématiquement dans les représentations urbaines. À l’époque Seth avait sourit car il gardait une très beau souvenir de sa collaboration avec Edgar Saner !

 

 

Aujourd’hui je me rends compte à quel point l’artiste Seth s’imprègne des cultures non pas qu’il visite, mais dans lesquelles il s’attarde. Le masque est un objet emprunt d’une forte valeur symbolique. Ses significations divergent en fonction des peuples qui les façonnent. Dans certaines cultures ils sont de simples couvre-chefs, dans d’autres ils servent à vénérer les dieux, guérir, combattre,…

 

 

Comme je ne peux élaborer une théorie sur l’utilisation que fait Seth des masques ; je préfère faire écho au petit cartel qu’il a lui-même écrit : « Si mes personnages sont ancrés dans la modernité du temps présent, leurs masques traditionnels renvoient à une connexion avec le lieu, leur culture, avec un spiritualité. C’est une façon de revenir à leurs racines et de communiquer avec leur propre histoire. Le masque dissimule celui qui le porte, mais dit tout de lui. »

 

 

Au fil de l’exposition, notre regard est sans cesse attiré par ces masques colorés souvent rehaussés d’expressions très fortes. On découvre une autre phase du travail de l’artiste grâce à d’étonnantes sculptures et installations. Cela donne évidemment envie d’en savoir plus sur le sens que l’artiste Seth donne à ces masques qui apparaissent comme un leitmotiv dans son travail

 

 

Faut-il aller voir l’exposition Empreinte Carbone de l’artiste Seth ?

C’est avec un grand oui que je répondrais à cette question qui ne se pose même pas. Outre le travail exceptionnel de scénographie qui a été réalisée pour celle-ci. L’exposition nous montre en filigrane l’exploration de l’artiste Seth, son approche de l’enfance qui est bien éloignée de l’image naïve que l’on pourrait s’en faire. L’artiste urbain nous donne à voir une exposition qui a du sens, de la profondeur et qui nous amène à de nombreux questionnements. Les pays qu’il visite sont d’une grande pauvreté et les habitants y vivent souvent dans une instabilité politique constante. Malgré ce climat anxiogène, Seth arrive avec poésie à nous faire partager une part de leurs cultures sans jamais être intrusif dans l’intimité de ses rencontres. Une délicatesse plus qu’appréciable dans notre monde de plus en plus brutal.

 

 

Une exposition à faire en famille si vous avez des enfants ; ils y verront certainement autre chose que vous et cela pourrait générer de passionnantes interactions ! Ses carnets de voyage et croquis ont été mon véritable coup de cœur de l’exposition. Je n’en ai que peu dévoilé, car il faut les voir sur site pour réellement les apprécier.

L’exposition est gratuite, comme toutes celles que je vous propose sur le blog, et visible jusqu’au 26 février 2023. Pour savoir comment vous y rendre et connaître les horaires de visites, rien de plus simple, le site Fluctuart est là pour vous renseigner.

Si vous êtes de passage à Paris et que vous souhaitez en découvrir plus sur l’artiste Seth, je vous conseille vivement de faire un tour du côté de la butte aux cailles ou encore d’aller voir le Belvédère de Belleville.

De mon côté, j’enfile mes baskets pour partir à la découverte de nouveaux lieux à vous faire découvrir.

A très bientôt pour de nouvelles aventures Street Art

Séverine