Le Street Art à Milan est historique, engagé, inclusif et tourné vers l’avenir !

Trouver des grands noms du Street Art à Milan est chose facile ; j’aurais pu commencer par la facilité en vous présentant les œuvres d’artistes internationaux. Mais vous commencez à me connaître et je préfère largement vous faire découvrir un Street Art engagé dans un quartier dont on ne parle pas beaucoup. Ce quartier est un ancien bastion du Parti Communiste. Y vivaient tous les acteurs qui ont lutté contre le fascisme et contre Mussolini. Y vivaient également bon nombre d’artistes qui essayaient de faire passer des messages dans leurs créations. Séparé par une rivière de Milan, ce quartier était un véritable champ d’orties d’où son nom Quartiere dell’Ortica ! J’y suis allée un jour de canicule et je ne le regrette absolument pas car on a rarement l’occasion de voir un lieu aussi atypique !

 

Ortica un quartier de Milan où l’histoire s’écrit sur les murs

C’est le collectif d’artistes Ortica Noodles qui a lancé ce projet un peu fou de Street Art à Milan, baptisé Orme Ortica. Ils ont décidé de rendre hommage à toutes ces personnalités, du quartier et aussi Italiennes qui ont œuvré contre le fascisme, la guerre, la mafia, et toutes autres formes d’injustices. Quand on arrive au cœur du quartier il est assez impressionnant de voir ces immenses visages. On a à la fois l’impression d’être scruté et à l’inverse, l’étrange sensation d’être transformé en voyeur, car pour nous, étrangés à l’histoire de l’Italie, ces visages ne sont que des inconnus ! Je ne vais pas vous étaler une immense galerie de portraits, je vous en ai juste sélectionné un qui m’a sauté aux yeux.

 

 

J’ai retenu de tous ces visages, ce regard vif, soutenu à l’œil intelligent. La curiosité aidant j’ai commencé à me renseigner sur l’histoire de cette femme qui a défrayé la chronique pendant plus de 20 années en Italie. Fille et petite-fille de mafieux, Lea Garofalo a voulu s’extraire de la mafia pour offrir une chance à sa fille d’accéder à une vie normale. Après dix années de fuites, de protection et de rebondissements improbables elle est attirée dans une embuscade par son propre mari, père de sa fille, meurt dans d’atroces circonstances et ne bénéficie d’obsèques que dix années après sa disparition. Femme forte, elle a défié la mafia, perdu la vie et réussit à protéger sa fille qui vit aujourd’hui incognito.

 

 

Je suis certaine que vous venez de comprendre à quel point le Street Art Milanais est engagé et puissant. J’avais prévu de vous parler de plusieurs de ces personnages, mais comme la suite n’est pas des plus légère non plus, je me suis dit qu’une petite aération dans l’article avec le joyau de Milan ne pouvait pas vous faire de mal 😉

 

Hommage à l’impressionnant Duomo de Milan

Qui va à Milan ne peut manquer le Duomo ! Une des plus grande cathédrale au monde ! Sa façade gothique qui s’étend sur plus de 150 mètres en impose ! Les détails de celle-ci sont incroyables, une œuvre aussi gothique que dentelée et légère. Mais le plus grandiose au Duomo reste son immense nef capable d’accueillir 40 000 personnes. Rien d’étonnant donc à retrouver cette vertigineuse nef et sa magnifique perspective au cœur d’Ortica.

 

 

Faisant face à cette nef, une Marie des temps modernes qui semble auréolée des étoiles de l’Europe. Un peu plus loin dans ce coin de quartier on retrouve l’emblématique Lion qui trône sur la place du Duomo.

 

 

La petite rue qui recèle ces trésors ne paye pas de mine et c’est une vraie respiration avant de retrouver d’autres pans de l’histoire Italienne.

 

 

« Il faut connaître la guerre pour aimer la paix »

Cette phrase inscrite sur une fresque peut faire froid dans le dos… surtout en cette sombre période. Les dessous des ponts du quartier dell’Ortica ont tous un thème, celui sur la guerre est poignant. Il met en avant les grands noms de la résistance mais aussi les chiffres effroyables de ces périodes immensément tristes.

 

 

Interloquée devant cette fresque qui fait devoir de mémoire, je lis à la fin cette phrase : « Non pas pour célébrer la guerre et même pas pour ceux qui y ont participé, mais pour se souvenir et garder vivante la mémoire de ceux qui ont dû la faire». Je reste sans voix, comme si les auteurs tenaient à s’excuser de cette fresque qui laisse entrevoir l’horreur. Tirer des leçons de l’histoire c’est ce que le monde entier oublie en ce moment. J’ai donc choisi de mettre cette phrase en avant pour les accompagner dans cette démarche.

 

 

Le Street Art à Milan est inclusif, tolérant, détonnant !

Les étiquettes collent souvent à la peau… On imagine l’Italien un tantinet macho, un peu facho parfois à cause de ses supporters de foot, peu tolérant à cause de ses politiciens présentateurs de télé… Et la on s’aperçoit que l’Italien est inclusif, tolérant, bienveillant. Le quartier dell’Ortica affiche ses valeurs et je vous avoue qu’après avoir découvert les murs parlant de la guerre ou encore des grandes manifestations Italiennes, c’est une réelle bouffée d’air !

 

 

Le quartier dell’Ortica, de par son passé communiste se veut accueillant pour les immigrés, non raciste,… d’ailleurs lorsqu’on s’y balade on se rend vite compte que la mixité de la population y est beaucoup plus présente qu’au centre de Milan. Les phrases « We all bleed the same colour », «Siamo tutti umani », « We are refugees », « Stop racism » sonnent comme des évidences.

 

 

Une ouverture sur le monde et sur l’Europe

Jusqu’ici vous devez trouver que le Street Art à Milan, spécialement dans le quartiere dell’Ortica est un peu nombriliste ! Un hommage, réalisé il y a quelques mois, à David Sassoli, président du parlement Européen montre une ouverture vers l’Europe… certes il était Italien 😉 Mais en fait le collectif Ortica Noodles met aussi à l’honneur les hommes et les femmes qui essayent de faire bouger les lignes de par le monde. On reconnaît aisément un portrait de la jeune activiste Greta Thunberg.

 

 

 

Lorsque l’on se dirige vers le stade on retrouve un hommage aux grands sportifs. Evidement Fausto Coppi y est représenté, mais il est accompagné de Mohamed Ali ou encore Martina Navratilova !

 

 

 

 

Je retourne sur mes pas afin de retrouver une rue qui me permette de rejoindre le centre de Milan facilement, et bien sûr je croise chemin faisant d’autres œuvres qui viennent ponctuer cette étonnante découverte.

 

 

Faut-il visiter Orme Ortica pour découvrir le Street Art à Milan ?

Mon sentiment est mitigé sur cet endroit très atypique. Amoureuses des arts urbains, je trouve la réalisation de ce projet un peu redondante en terme de style et aurait aimé que le collectif Ortica Noodles invite d’autres artistes à venir s’exprimer sur les sujets traités. Cela aurait peut-être donné un peu plus de respiration à cette balade au travers de l’histoire.

Mais en même temps je ne peux m’empêcher de penser que si c’était le cas, ça enlèverait très certainement beaucoup de puissance aux propos.

 

 

Je ne vais pas vous dire de courir visiter ce quartier, mais l’initiative est tellement particulière et très certainement unique au monde que cela vaut le coup d’œil. La communauté d’Ortica est très soudée et la seule autre expérience à laquelle cela me fasse penser en matière d’art urbain est ma visite de Vitoria Gasteiz au pays Basque Espagnol où les habitants ont participé aux réalisations des fresques.

 

 

À vous de voir ! Si l’envie vous démange rendez-vous en taxi de la Porta Venezia jusqu’à la coopérative d’Ortica, via San Faustino qui est un grand café aux allures d’autrefois où l’on vous offrira un plan du quartier pour vous y retrouver. Le taxi vous coutera 7 euros et vous évitera des changements de bus un peu compliqués ! De là il vous faudra à peu près trois heures pour tout découvrir 😉 Si vous hésitez encore, je vous poste en fin d’article le petit live que j’avais fait le jour de ma découverte 😉

C’est l’été et je vous souhaite donc à tous d’excellentes vacances ! Promis je vais vous dégoter quelques spots Street Art très sympathiques entre deux baignades 😉

A très très bientôt pour de nouvelles aventures.

Séverine