Eduardo Kobra et le Street Art New-Yorkais, une histoire d’amour qui commence par un simple baiser

C’est en reproduisant la photo du célèbre baiser de Times Square qu’Eduardo Kobra, Street Artiste Brésilien, a conquit le cœur des New-Yorkais. Ce baiser peint en 2012 est une magnifique mise en lumière de cette photo iconique prise par Alfred Eisenstaedt le 13 Août 1945 à Times Square. Jour où tous les New-Yorkais sont descendus dans la rue pour célébrer la fin de la seconde guerre mondiale. « The Kiss » est une très belle introduction au travail de Kobra ; on y retrouve ses rayons de couleurs et lumières, ses compositions kaléidoscopiques et déjà son goût du détail. C’est aussi le sens qu’il souhaite donner à son œuvre que l’on retrouve dans ce baiser ; la fin de la guerre, c’est la paix ! Et Kobra distille inlassablement des messages de Paix dans ses œuvres, tout comme il met en avant les personnalités qui ont œuvré pour celle-ci avec dévouement.

Lors de mon dernier voyage à New-York, j’ai été choquée en me promenant sur la High Line de voir que cette pièce majeure du Street Art New-Yorkais n’existait plus ! Mais comme j’ai eu cette chance de la voir en juillet 2012, je suis heureuse de partager avec vous ce très beau souvenir.

 

« Colors of Liberty”, un projet humaniste porté par Eduardo Kobra depuis quelques années

Parfois avec des touches d’humour, parfois en insérant des symboles forts dans ses fresques murales ; Eduardo Kobra œuvre pour la Paix. Son projet « Colors of Liberty » lui permet d’utiliser ses fresques murales pour montrer de manière pacifique les problèmes qui polluent le monde d’aujourd’hui. Il essaye de sensibiliser les passants sur des sujets complexes, tels que le racisme, la violence, l’utilisation des armes à feux.

 

Eduardo Kobra, profondément humaniste, est également attaché aux Droits de l’Homme et il estime que le monde va avoir encore besoin de beaucoup de “peacemakers” – fabricants de paix-. Son travail salue la mémoire de ceux qui ont œuvré pour la Paix, dont certains ont même perdus la vie pour celle-ci. En me baladant dans New York j’ai été saisie par la beauté de ce face à face entre Mère Teresa et Gandhi. Un magnifique hommage, dont la photo vaut plus que tous les mots que je pourrais vous écrire.

 

La particularité de Kobra ne réside pas seulement dans des hommages aux personnalités connues ; mais aussi à la célébration des anonymes. Sa fresque baptisée « ELLIS » pour Ellis Island met en avant 5 immigrés afin de rendre hommage au million de migrants qui a transité par cette île et participé à la construction de New York. Une fresque politique ? Peut-être. En tous cas une fresque qui fait œuvre de mémoire en ces temps incertains. Cette fresque est réellement monumentale ; la plus grande que j’ai pu admirer dans Manhattan; elle s’étend sur 800 m² et est posé sur l’école dans laquelle Jean-Michel Basquiat allait. Coïncidence ? Je ne pense pas 😉

 

Une autre fresque monumentale, hautement symbolique, a très certainement contribué à renforcer ce lien entre l’artiste Brésilien et New York. Ce pompier anonyme agenouillé est tiré d’une photographie du 11 septembre. Un hommage à tous les pompiers baptisé « Les Braves du 11 septembre ». Cette fresque imposante, qui s’élève sur 7^ème étage renforce l’impression que l’on ressent devant ce pompier éprouvé et rappelle inlassablement la gravité du moment.

 

Un peu plus politique, mais avec une pointe d’humour, la statue de la Liberté, selon Eduardo Kobra, arbore fièrement un sombrero Mexicain. À l’heure où l’actuel Président des Etats-Unis veut ériger un mur; cette statue est un petit rappel sur ce que sont vraiment les Etats-Unis. Le Melting Pot Américain fait partie intégrante de l’American Dream. Kobra adoucit cette œuvre qui pourrait apparaître comme une provocation en remplaçant la flamme par la Colombe de la Paix ! Un très doux message non ?

 

Pourquoi New York pour ce projet colossal ?

Pour Eduardo Kobra la réponse est simple : le Street Art est né à New York. Certains des artistes qui l’ont influencé peignaient dans le métro, d’autres comme Keith Haring, Jean-Michel Basquiat, Andy Warhol, ou Roy Lichtenstein y ont inventé le Pop Art et ses couleurs acidulées. Kobra estime que New York lui a beaucoup appris… Pour lui, il était normal que son projet soit en majeure partie réalisé à New York.

Et bien évidemment il ne manque pas de rendre hommage à ses sources d’inspirations !

 

Je ne vais pas vous cacher que cet hommage à Roy Lichtenstein m’a profondément touché. Cette reprise du style propre à Lichtenstein, ce pointillé, son style de bulle de BD, la façon dont les cheveux sont dessinés, renforce la puissance de l’hommage. Une œuvre magnifique logée sur la terrasse d’un hôtel sans prétention dans le Upper East Side.

Concernant son deuxième hommage, je l’avoue, il m’a un peu chiffonnée. Tout simplement parce qu’il est venu remplacer une fresque de Pixel Pancho que j’appréciai énormément. Mais c’est le renouvellement aussi qui fait ce qu’est le Street Art et qui lui confère son côté éphémère. Comme vous le verrez, j’ai quand même glissé un intrus dans l’article et je n’ai pas pu m’empêcher de montrer l’avant/après ; à la manière d’une pub pour antirides. Et peut-être que lors de mon prochain voyage à New York une nouvelle fresque sera venue recouvrir tout cela !

Une fascination plus qu’avouée pour Albert Einstein

Je ne pense pas que cette série sur Albert Einstein fasse partie de son projet « Colors of Liberty ». Mais j’y vois tout de même un certain lien, puisque la connaissance est la clé de la liberté ; de la notre pour pouvoir accéder à un travail intéressant, mais aussi de celle des peuples pour qu’ils ne soient pas manipulés par des discours dictatoriaux. Albert Einstein est très certainement le visage qu’Eduardo Kobra a le plus peint, que ce soit à Palm Beach en Floride, à Los Angeles, ou encore à New York ; il semblerait qu’Enstein soit bien le héros de Kobra !

 

Certains trouvent Eduardo Kobra un brin démagogique, d’autres le jalouse ; il n’en reste pas moins que son travail est monumental et que son engagement pour la paix est bien réel. À chaque fois que j’ai découvert une nouvelle fresque à New York ; je me suis demandé ce que le jeune garçon qu’il était, vivant dans une banlieue très modeste de Sao Paolo pouvait bien avoir comme image de l’Amérique : l’American Dream ou bien ? Et ce jeune garçon qui a réussit à conquérir New York comme aucun autre Street Artiste ne l’a fait ; que peut-il bien penser quand il peint un immigrant d’Ellis Island du haut de sa nacelle ? Les interviews de Kobra sont rares, mes questions resteront donc sans réponse ; mais en tous cas je suis heureuse d’avoir partagé avec vous ces œuvres majestueuses pleines de sens.

 

Si cet article vous a donné envie d’en découvrir plus sur le Street Art New-Yorkais, je vous propose une petite promenade très sympa dans Manhattan ou la découverte de deux lieux cultes du Street Art : Le Bushwick Collective de Brooklyn ou encore le Welling Court Mural Project dans le Queens. Pour ceux qui préfèrent les images aux textes; vous pouvez aussi vous faire plaisir sur mon Instagram qui regorge de photos de Street Art prises à New York City !

 

A très bientôt pour de nouvelles aventures Street Art. D’ici là restez confinés et prenez bien soin de vous 😉