Le Street Art à Athènes est roi dans la capitale grecque en pleine mutation !

Le Street Art à Athènes d’aussi loin que je me souvienne, c’est à dire il y a un peu plus de 20 ans, était surtout composé de tags & graffitis. Aujourd’hui la donne a changé et de magnifiques fresques sont venues ponctuer nos promenades dans des quartiers jadis quelques peu abandonnés. Vous dire que la ville d’Athènes a évolué serait un euphémisme, elle s’est littéralement transformée ! Si l’on y passait par obligation pour rejoindre les belles Cyclades, elle vaut désormais le coup de s’y attarder ; flâner dans les quartiers qui connaissent un nouvel essor et même essayer de découvrir ceux dans lesquels on ne pouvait pas vraiment rentrer il y a une dizaine d’années. Au cœur d’Athènes, le Street Art est foisonnant, engagé, et reprend avec modernisme les codes visuels de représentation des Dieux Grecs. Un véritable enchantement pour les yeux !

 

Star incontestable du Street Art Grec, l’artiste INO transforme Athènes en un véritable étendard !

INO est certainement l’artiste Grec le plus connu internationalement. Sa grande discrétion fait que l’on ne sait pas grand chose de lui si ce n’est qu’il a une petite quarantaine d’années et est diplômé de l’Athens School of Fine Art. Cet artiste fantomatique a tout simplement transformé Athènes en un musée à ciel ouvert. Son style figuratif et puissant est mis au service de son engagement avec force et persévérance. Il navigue main dans la main avec le peuple Grec contre la politique d’austérité du gouvernement. Certaines fresques comme celle du banquet représentant les dirigeants au festin et les mains tendues du peuple aux abois en disent long sur ses propos à charge contre ce gouvernement affamant le peuple.

 

Chacune de ses œuvres est une lutte, un message ouvert aux habitants, un message plus violent pour les dirigeants. Outre cette magnifique Cène que l’on retrouve sur le boulevard Peirarios face au Parc Kerameikou non loin de Psyri ; l’artiste a habillé la ville et je vais essayer de vous amener sur ses pas en vous donnant quelques précisions sur les lieux où vous pourriez les découvrir.

 

 

Je commence donc la présentation du travail de l’artiste INO par cette œuvre coup de poing baptisée « Apocalypse Now ». Un appel à la révolution que l’on trouve au cœur de Psyri dans la rue Miaouli. Avec cette œuvre on comprend aisément le pourquoi de la discrétion de cet artiste au regard perçant qui ne montre pas son visage. On s’étonne aussi de ne pas voir cette œuvre censurée ; comme quoi la liberté d’expression reste de mise au pays de l’austérité.

 

 

Plus douce au 1^er abord ; cette fresque représentant une petite fille avec un maillet porte un nom très révélateur : « Breaking Barriers of Equality ». Une prise de position forte dans une société grecque où le patriarcat domine. INO ne lutte pas seulement contre la classe politique mais aussi pour l’évolution de l’équité homme-femme dans un pays orthodoxe. Cette œuvre se situe au cœur du quartier très cosmopolite de Psyri au tout début de la rue Sarri.

 

 

Toujours dans le centre d’Athènes cette œuvre baptisée « Snowball » vient mettre en avant une autre technique de dessin utilisée par l’artiste. Lui qui travaille souvent les regards en détail va parfois complètement les gommer. Comme si l’homme d’affaire jouant avec l’argent perdait une forme d’humanité. On retrouve ces visages absents dans d’autres œuvres de l’artiste.

 

 

À l’inverse il se sert aussi de ses regards pour exprimer son opinion et ses contestations ! Cette œuvre située à côté de la Cène en est un exemple criant. Si l’on s’attarde sur cette interprétation du regard de Mona Lisa, on se rend vite compte que l’intérieur de l’œil est un miroir qui représente un policier équipé d’un casque et d’un masque à gaz. Une fresque qui fait écho à la grande répression subie par les grecques lors de la politique d’austérité du gouvernement qui avait été jusqu’à suspendre les retraites !

 

 

Le Street Art à Athènes doit beaucoup à ce formidable artiste qu’est INO. Quel que soit le quartier où vous déciderez de flâner ; vous y découvrirez une de ses œuvres… Dans le quartier de Metaxourgeio, avenue Iera Odos, on retrouve la très belle œuvre « freedom for sale ». Et même lorsque vous partirez pour voguer vers les Cyclades INO vous accompagnera jusqu’au port du Pirée avec une œuvre intitulée « We Have The Power » qui vous rappellera sans hésiter un Dieu Grec !

 

Commencer par découvrir la scène Street Art Athénienne dans le quartier de Psyri au pied de l’acropole est un délice !

 

Il y a quelques années c’est dans le quartier de Plaka que l’on pouvait découvrir tags et graffitis ; aujourd’hui l’art urbain s’est déplacé dans le quartier de Psyri qui évolue magnifiquement. S’entremêlent tags vandales, œuvres éphémères mais néanmoins très belles et fresques géantes. Le quartier est en pleine mutation et vous pourrez passer d’une rue au charme divin à une rue pleine de maisons en ruine et palissades taggées ; la diversité d’œuvres qu’offre ce quartier lui confère un charme particulier et donne l’envie d’y revenir… vite !

J’ai pris comme point de départ un café moderne qui se prénomme l’Upside Down Bar ! La rue qui se cache derrière ce bar est tout simplement magique et vous réservera de très belle surprises ; à commencer par une œuvre de l’artiste STMTS dont le travail se focalise sur l’enfance, ses rêves, ses désillusions,…

 

Cette rue pourrait s’apparenter à un « Hall of Fame » Athénien ; les œuvres se suivent et ne se ressemblent pas. On y retrouve des mains magnifiquement réalisées par l’artiste SimpleG, un doux portrait de femme par Hambas, de magnifiques oiseaux par Atek et bien d’autres œuvres dont je n’ai pas su découvrir le nom des artistes. Donc si quelqu’un les connaît, n’hésitez pas à me laisser un petit commentaire !

 

 

 

 

Psyri ne s’arrête pas du tout à cette belle rue pleine de découvertes ; je vais vous donner un autre lieu de rendez-vous qui est très certainement la maison la plus taggée du quartier ! Cette œuvre chaotique réalisée par les artistes David Shillinglaw et Mark Malarko laisse sans voix.

 

En vous engouffrant dans la rue Evripidou, à droite de cet improbable édifice, vous découvrirez nombres d’œuvres éphémères, sans parler de tags & blazes en tous genres. Ici tout est illégal et sent la spontanéité. Je vous l’avoue il m’a été difficile de faire un choix dans mes photos pour vous donner une idée de ce que vous pourriez y voir. J’espère que ces quelques photos vous donneront l’envie d’y mettre les pieds ; car personnellement cette découverte m’a mise en joie ! J’ai réussi à reconnaître quelques signatures comme celles d’Harriet Woodet Simoni Fontana.

 

 

Entre œuvres vandales et fresques monumentales; ce quartier saura sans aucun doute vous combler. Avant de voguer vers un autre quartier, plus populaire; je ne pouvais pas faire l’impasse sur la fresque monumentale réalisée par Alexandros Vasmoulakis alias Vasmou. Cet artiste Grec réalise dans un style figuratif des corps et des visages déformés. Ils peuvent être souriants, amusants, étonnants et aussi inquiétants. Ces visages proviennent tous de magazines glamour. Il les déchire, les photographie et les retravaille digitalement. Cette œuvre est située au cœur de Psyri, Plateia Irron. Si vous vous perdez dans les rues adjacentes, vous découvrirez une foultitude de jolies surprises !

 

 

Quitter Psyri pour s’engouffrer dans le quartier populaire de Metaxourgeio

 

Rentrer dans ce quartier d’Athènes le soir, il y a quelques années, était tout simplement impossible ! Aujourd’hui les choses ont changé et c’est un patchwork architectural où des immeubles modernes côtoient d’anciennes maisons bourgeoises abandonnées. C’est très certainement le quartier le plus populaire d’Athènes ; mais quand on voit comment Psyri a évolué on sait déjà ce que pourrait devenir ce quartier !

 

En quittant Psyri, je me suis attardée dans le Parc Kerameikou, il faisait très chaud et l’ombre des arbres était agréable, et quelques taches de couleur jaune avait attiré mon regard ! Le Parc abrite quelques œuvres d’artistes que je ne connais pas; mais je trouvais sympathique de vous les montrer car à Athènes chaque coin de rue réserve une surprise et c’est certainement ce qui rend la ville aussi agréable à sillonner.

 

 

 

 

Quand on s’engouffre dans Metaxourgeio, l’atmosphère change, il y a quelque chose de chaotique et les rues désertiques renforcent ce sentiment. Ici l’expression artistique est brute, parfois violente, revendicatrice, révolutionnaire et presque toujours vandale ! Certaines œuvres sont signées mais beaucoup restent anonymes. On retrouve les signatures d’artistes comme …. Ce quartier est un incroyable terrain de jeu pour l’art urbain et pas une seule maison n’est épargnée. Il est fort probable que celui-ci devienne comme Psyri dans quelques années. Mais pour le moment je vous laisse avec ces quelques photos vous faire votre propre idée.

Mister Achilles et RTM ; ces artistes qui vont ponctuer votre découverte d’Athènes !

Ils sont partout ! C’est étonnant comme à chaque découverte d’une nouvelle ville, on s’aperçoit très vite de la présence importante de certains artistes. C’est au cœur de Psyri que j’ai commencé à entrevoir les demi-visages de femmes dessinés par Mister Achilles. Je vais tout de suite vous avouer que je ne suis absolument pas fan de son travail dans sa globalité. Sa façon de mettre parfois en scène le corps des femmes est malheureusement trop souvent vulgaire et un peu dépassée. Mais voilà il fait parti du paysage urbain de la ville d’Athènes que j’essaye de vous montrer sans censure 😉

RTM lui va vite, très vite pour croquer ses visages simples et très expressifs à la fois. Il existe peu de fresques de lui, seuls souvent les visages sont représentés. Il est partout dans la ville, vous retrouvez son travail sur les axes routiers importants comme dans toutes les petites rues ; sincèrement j’ai dû voir une cinquantaine de ses visages et avec le petit plaisir de les retrouver comme si je venais de gagner un trophée !

Il était important pour moi de mettre en avant ces artistes locaux qui au final partagent et égayent le quotidien des Athéniens.

Quand vous partez dans les îles Grecques, prenez le temps de visiter Athènes !

 

Sincèrement cette capitale vaut que vous vous y attardiez un peu ! Pas seulement pour le Street Art ; mais pour tout ce qu’elle a de beau et charmant à vous offrir. Plaka est devenu comme Montmartre une véritable carte postale. Certaines rues de Psyri ont un charme fou. La promenade autour de l’acropole, le cœur d’Athènes, a été complètement restaurée et elle est devenue un vrai lieu pour flâner. Côté gastronomie, vous pourrez déjeuner des petits plats traditionnels faits avec amour chez Nikitas à Psyri ou à l’opposer vous offrir un voyage culinaire fusion Greco-Japonais au très chic Nolan ! Même dans le quartier de Metaxourgeio, on peut découvrir des pépites comme le jardin du restaurant Cachou où il fait bon flâner le soir. Vraiment je suis tombée sous le charme de cette nouvelle Athènes et ai hâte d’y retourner pour finir mon périple Street Art dans le quartier d’Exarchia ; mais aussi pour découvrir un peu plus les trésors cachés de cette ville qui a tant changé. De toutes mes découvertes Street Art, la seule ville qui rivalise avec Athènes en son centre ville reste Mexico !

Je vous laisse en vidéo avec le petit direct facebook que j’avais fait lors de ma déambulation dans Psyri et je vous retrouve très bientôt pour de nouvelles aventures Street Art.

Belle rentrée à tous !

Séverine