À la découverte du Street Art dans le Queens avec le Welling Court Mural Project !
3 décembre 2019Je croyais que Brooklyn et son Bushwick Collective était le temple incontestable du Street Art New-Yorkais; mais ça c’était avant d’avoir visité le Queens ! je me rends compte que NYC est beaucoup plus riche en Street Art qu’on ne peut l’imaginer. D’autant plus que depuis 10 années le Street Art dans le Queens bénéficie de l’élan du Welling Court Mural Project.
Il est fort probable que le Queens ne soit pas un quartier qui vous attire si vous allez visiter New-York. Welling Court est une zone assez tranquille du Queens, bien sûr populaire, mais surtout trop tranquille ! Les habitants de ce quartier avaient envie de le transformer afin de le rendre plus agréable à vivre… Palissades, hangars, murs à moitié détruits, terrains vagues et rue désertes, s’additionnant à l’absence de commerçant… autant de facteurs qui faisaient de ce quartier une zone morte. Les habitants emmenés par Jonathan Ellis ont décidé de rencontrer l’association Ad Hoc Art, une sorte de Think Tank, presque révolutionnaire, qui utilise l’art comme outil de changement social. De cette rencontre le projet est né en 2009. Dès 2010, plus de 40 fresques avaient déjà été réalisées dans le quartier ! Aujourd’hui ce sont plus de 150 artistes qui ont posé leurs signatures et chaque année un festival se tient en Juin pour faire évoluer ce lieu, il faut le dire, assez improbable !
A vrai dire, le quartier est certainement plus joli et surtout plus coloré qu’auparavant, et fantastique pour les fans de Street Art ; mais reste très désertique. On se retrouve seuls dans de grandes avenues bordées par des murs et des garages, des entrepôts et quelques petites maisons de villes qui touchent des immeubles un peu délabrés. Si vous y allez, vous ne serez pas dérangés par les Street Art Tour, ni par les touristes amateurs de Street Art !
Tous les artistes de Brooklyn, Bowery et Little Italy se retrouvent autour du Welling Court Mural Project
Je l’avoue, en arrivant sur les lieux, je ne m’attendais pas à retrouver les grands noms du Street Art New-Yorkais; en fait je ne savais pas très bien à quoi m’attendre, ni en matière d’œuvres ni en matière d’ambiance. Découvrir le Street Art dans le Queens peut être vécu comme une aventure ! Les bâtiments sont plus bas qu’à Brooklyn et ne laissent pas beaucoup de place pour des fresques monumentales ! Les œuvres sont réparties sur des murs assez bas, dans des impasses et sur de nombreux volets roulants ! Mais voilà on retrouve presque tous les artistes dont je vous ai parlé dans mes précédents articles sur New-York et il est difficile de savoir par où commencer ! Je vous ai donc fait une petite sélection des artistes connus et reconnus pour commencer cette visite !
Quelle immense surprise pour moi de tomber nez à nez avec une fresque réalisée par Queen Andréa ! Cette artiste est devenue plus que connue récemment puisqu’elle a eu l’honneur de poser sa signature sur le très emblématique Houston Bowery Wall au cœur de Manhattan ! Je ne m’attendais pas à découvrir cette œuvre « Super Fresh » au flow -mouvement- incontestable dans le Queens. Sa typographie, ses couleurs vives et ses messages positifs sont reconnaissables entre tous. Elle a plaisir à penser qu’elle pratique la Wall Therapy !
Dans un tout autre style, comme vous pouvez le voir sur la photo de couverture de cet article, j’ai aussi eu le plaisir de retrouver l’artiste Joe Iurato que j’avais découvert à Bushwick. Il continue inlassablement à peindre sur fils dans un environnement très graphique; ici il est porte-drapeau du Welling Court !
Étonnant de tomber sur Fumeroism qui a fait la couverture de la 1èreédition de Up Magazine et Chris Soria dont l’œuvre est au cœur même du Bushwick Collective. Ces deux artistes aux techniques complètement différentes jouent toujours avec une large palette de couleurs. Fumeroism joue avec les formes et les mouvements et renforce les émotions avec un contour noir et net. Il incarne le sumérisme, un mouvement post-graffiti qui s’est développé à la fin du XXème siècle. Quant à Chris Soria, il est à l’opposé des formes de Fumeroism ; il travaille à la manière de Victor Vasarely et est un véritable maniaque de la géométrie. Je trouvais intéressant de mettre ces deux artistes côte à côte ; même si en réalité les œuvres se situent dans deux rues différentes.
J’ai découvert le travail de ces deux artistes dans le même quartier de Manhattan : Bowery. Lui, Jules Muck, alias Muck Rock est très rock ! Elle, Lexi Bella est très provocatrice et très « Girl Power » – le pouvoir aux femmes-. Alors je l’avoue, je n’ai pas reconnu tout de suite la patte de Lexi Bella dans le travail de ce regard perçant mi félin mi papillon. Pour ce qui est de Muck Rock c’est un peu différent ; la discrétion de sa signature sur le front de Frida Kahlo ne laisse aucun doute quant à l’auteur de ce regard ! Je l’ai juste sélectionné car il y a une importante communauté Mexicaine dans le Queens et il est vrai que mon passage à Mexico City m’a rappelé à quel point Frida Kahlo était une artiste importante pour eux.
On y retrouve bien sûr les graffeurs les plus connus, et je ne pouvais pas faire l’impasse sur le Blaze de John Matos, alias Crash One. Ou encore le « Carpe Diem » d’Adamfu dont la typographie et sa mise en lumière est reconnaissable entre toutes. Et encore moins sur le petit jeune de la bande Cey Adams ; qui vient d’être choisit pour réaliser le logo du Museum of Graffiti qui a ouvert ses portes dans le fameux quartier Street Art de Wynwood à Miami ! Si jamais vous avez l’occasion d’aller dans le Queens, ce sont des centaines de Blaze que vous y découvrirez ! Mais aussi beaucoup de graffitis engagés ; un peu moins léger que ce gentil « Carpe Diem ».
Le Street Art dans le Queens est porteur de messages engagés !
Outre le côté désertique du quartier ; ce qui m’a le plus frappé en débarquant à Welling Court a été de retrouver les artistes les plus engagés de la scène Street Art de Brooklyn. Mais aussi des artistes que je ne connaissais pas et qui militent pour l’immigration, contre les bavures policières, pour le droit des femmes,… On comprend vite en se promenant que les habitants de ce quartier réclament plus de justice et se sont engagés avec les artistes à faire passer des messages forts ! parfois très forts !
Gynnya Mc Millen, représentée sur cette fresque, était une jeune fille de 16 ans qui s’est retrouvée en détention provisoire dans un centre pour mineur suite à une altercation avec sa mère. Le lendemain matin, elle était découverte décédée dans sa cellule. Cette affaire est devenue un énorme scandale aux Etats-Unis en 2017 et a remis en question certains procédés du système pénitentiaire Américain. Deux Street Artistes Américains Lena Mc Carthy et Caleb Neelon ont décidé de lui rendre hommage pour qu’elle ne sombre pas dans un oubli total et cela fonctionne car en découvrant cette fresque j’ai voulu savoir qui était cette jeune fille.
Ça a été un plaisir de retrouver ces deux femmes Street Artistes engagées que j’avais découvert en visitant le Bushwick Collective à Brooklyn. Lmnopi est d’origine indienne et a vécu dans les forêts du Nord de l’état de New-York; des forêts menacées comme beaucoup d’autres. Elle est une grande militante et utilise ses compétences artistiques pour amplifier les messages en faveur de la justice sociale, économique, raciale et climatique. Ses œuvres aux apparences assez douces sont toujours porteuses de messages.
Dans un tout autre style Sara Erenthal se bat continuellement pour la libération des femmes. Née dans une famille ultra-orthodoxe qui a essayé de la marier de force en Israël lorsqu’elle était mineure; Sara Erenthal n’a cessé de fuir jusqu’à ce qu’elle commence à exprimer ses sentiments est et humeurs par le biais de ses œuvres . Cette artiste au parcours surprenant, toujours très engagée, ne manque pas d’humour et si vous aimez son style je vous conseille vivement de la suivre sur Instagram ; elle vous réservera bien des surprises !
En regardant ces trois réalisations, je pense que vous avez compris qu’au Welling Court Mural Project du Queens, ce n’est pas nécessairement du Street Art décoratif que l’on découvre. Des murs comme ceux-ci il y en a pléthores. L’artiste Joaquin Avila détourne le slogan de Donald Trump « Make America great again » par un « regardes, l’Amérique a besoin d’immigrants pour être à nouveau grande… ». Plus léger, Rob Sharp va inviter le passager à ne pas essayer mais plutôt faire ou ne pas faire. Quant à Cernesto il choisit un style plus austère pour déclarer qu’il est normal d’être anxieux – en désordre – dans une société aussi injuste. Je ne vais pas vous saper le moral en vous postant tous les messages que j’ai découvert ; mais il est vrai que la sensation quand on se balade dans ce quartier est bien différente de celle de Brooklyn !
Les Street Artistes Internationaux commencent eux-aussi à venir poser leurs signatures dans le Queens !
En début de promenade et en découvrant les artistes présents les uns après les autres, j’ai tout d’abord pensé que le Queens étant un quartier un peu éloigné de la ferveur de Manhattan et qu’il ne devait pas avoir y avoir beaucoup d’artistes internationaux ; encore une fois je me trompais. Ils sont certes moins nombreux qu’à Brooklyn ou au cœur de Manhattan, mais ils sont tout de même présents… Je ne pouvais pas finir cet article sans vous révéler quelques surprises… dont une française !
Comment ne pas commencer par Praxis ; c’est un artiste plus qu’engagé ! Il vient de Bogota et n’a de cesse de défendre la cause animale. On peut trouver dans Manhattan un très grand nombre de ses petits pochoirs. Ici, dans le Queens, on a la chance de pouvoir découvrir une des plus grande fresque qu’il ait réalisée. Sa prise de position contre Donald Trump est un message clair pour la défense des éléphants ; une chasse pratiquée par les riches qui n’a que pour seul but de posséder comme trophée une photo de l’animal mort !
Si vous suivez le blog, vous vous rappelez très certainement de l’œuvre de Shiro une artiste très bling bling à tendance hip hop que j’avais découvert à Street Art City. Il paraît que cette artiste passe la plupart de son temps dans Brooklyn le Bronx et Manhattan, quand elle n’est pas au Japon où elle officie comme nurse ! Pour le coup on retrouve son univers super flashy et tous les codes du Street Art & du Graffiti dans son travail.
Le nombre de graff’ réalisé par des Mexicains est assez incroyable dans le Queens ; cela paraît plutôt normal puisque qu’une grande partie des habitants du quartier sont d’origines mexicaines. J’ai choisit de vous montrer cette œuvre car elle a été réalisée à quatre mains par deux artistes reconnus au Mexique : Siul_fx; qui met en avant la culture Mexicaine dans son travail en réalisant des masques, des têtes de mort, des diables,… Et Reak Ekr qui est un des plus grand graffeur de Mexico City !
Plus atypique et inhabituel, je tombe sur cette œuvre d’une artiste Népalaise, Imagine; une grande spécialiste des mantras qui a tenu a remercier le Queens de l’avoir accueillie pour bel événement qu’est le festival du Welling Court Mural Project.
Je ne pouvais pas finir cette parenthèse internationale sans un petit cocorico !
Et bien sûr il revient à l’artiste Français Raf Urban que j’avais déjà découvert à Bushwick. Il distille son message positif « Diversity is Hope » avec des collages, des pochoirs ; et parfois même il abandonne une œuvre dans la rue comme un cadeau aux passants curieux !
Un paragraphe juste pour vous, pour le plaisir de vos yeux !
Je me dis que c’est un peu injuste de vous dire en début d’article qu’il y a plus de 150 œuvres de Street Art dans le Queens et de ne vous en montrer qu’un petit échantillon ! Sachant que beaucoup d’entre-vous n’iront pas en vacances là-bas et que les chanceux qui pourront y aller ne verront certainement plus ces fresques ; car chaque année en juin une nouvelle vague d’artistes investi les lieux ! Alors voilà un petit cadeau pour ceux qui n’y mettront jamais les pieds.
Dire que j’ai bien faillit louper cette magnifique fresque de Simon Cooper, un peintre New-Yorkais. Il faut dire que cette scène festive et très colorée de buffet se trouve tout au bout d’une impasse peu engageante…
J’ai réellement adoré cette fresque sur palissade ! Et ma surprise a été grande quand j’ai découvert que Tamara Heller n’était absolument pas une Street Artiste; mais une jeune portraitiste de 23 ans vivant à New-York dans le style des portraitistes que l’on peut trouver à Montmartre ou autres lieux touristiques. Personnellement, je pense qu’elle devrait envisager de réaliser plus de fresques murales.
En regardant ce mur j’ai tout d’abord pensé à une fresque de Tristan Eaton. Mais en fait il s’agit d’un artiste de Brooklyn Mr Never Satisfied qui réalise un grand nombre de ses œuvres en Amérique du Sud ; Pérou, Bolivie, Chili,..
Le Street Art dans le Queens peut être parfois un peu plus sombre qu’ailleurs comme le montre cette fresque de Jeff Henriquez et Dirt Cobain.
De Chris RWK je ne connaissais que le personnage emblématique mi-homme mi-robot; c’est donc une jolie découverte et aussi l’occasion de voir une autre facette de son travail avec l’exécution de cet oiseau au bec bleu.
Ce mur assez extra-ordinaire est vraiment représentatif des lieux ! Chaque année de nouvelles fresques murales vont venir recouvrir partiellement ou en totalité les anciennes; ce qui nous offre une vision colorée d’apparence chaotique, mais aussi final extrêmement organisé. On en prend plein les yeux !
Cette oeuvre représentant Elizabeth Taylor fait partie de la série JaggedTears réalisé par l’artiste René Gagnon; cette série a été exposée dans des musées à Boston, Philadelphie, Los Angeles, Boston, Londres, Tokyo,… Il faut avouer que cet artiste avant d’utiliser une technique mixte était un des grands nom du graffiti au début des années 80 !
J’espère que vous en avez adoré ce petit extra ! Bien sûr si vous voulez découvrir encore plus de photos des oeuvres Street Art du Queens, vous pouvez aller faire un tour sur mon compte Instagram !
Comment vous rendre jusqu’au Welling Court Mural Project dans le Queens ?
Très sincèrement, si vous allez découvrir New-York et que vous êtes fan de Street Art ; sachez que le Queens n’est qu’à une demi-heure de Manhattan. L’avantage du Welling Court Mural Project par rapport à Bushwick ; c’est qu’ils sont un peu plus organisés pour les visiteurs ! Chaque année après le Festival qui se tient en Juin un plan est disponible sur leur site Internet. Ce plan est ultra-complet, facile à comprendre et il vous fera gagner un temps précieux. Il vous évitera aussi de vous perdre dans les mauvaises ruelles !
Je tiens à vous le redire ; le Queens dans la journée n’a rien de dangereux et pour y aller je vous conseille de prendre le bateau car c’est beaucoup plus sympa que le train et le métro et en plus vous aurez une vue incroyable sur Manhattan. Le Ferry ne vous coutera pas plus cher que le train et il ne vous faudra attendre qu’un quart d’heure pour en avoir un. Vous descendrez à la station Astoria et une fois sur le quai vous prenez à droite… Le Welling Court Mural Project se trouve juste au bout !
Si vous aimez vraiment le Street Art, le Queens est fait pour vous !
Si vous avez aimé cette balade dans le Queens, je vous recommande vivement mon article sur le Bushwick Collective ou encore sur Manhattan. N’hésitez pas à partager et à me laisser un commentaire ; cela me fait toujours plaisir 😉
A très bientôt pour de nouvelles aventures !