Découvrir Street Art City, l’antre du Street Art en pleine campagne !
19 avril 2019Découvrir Street Art City est une idée que j’avais en tête depuis l’ouverture du site en 2016. Mais voilà j’avais aussi à l’esprit beaucoup d’aprioris ! Car le concept me faisait un peu penser à un Eurodisney du Street Art ; entrée payante et cafet’ sur place ! Force est de constater que si j’écris cet article c’est que j’ai changé d’avis sur Street Art City. Un changement d’avis qui est le résultat de plusieurs choses qui font les atouts du lieu :
- Un accueil hyper sympa ; agréable, presque familial, par des jeunes de la région contents d’y travailler et ravis de raconter leurs anecdotes avec les artistes ou les voisins !
- Quelques fresques justes magnifiques, quand je dis quelques, cela se compte sur les doigts de plusieurs mains.
- Des bâtiments laissés dans leurs jus, avec un petit côté Urbex.
- Un parcours dans l’hôtel 128 qui rappellera aux moins jeunes certains squats d’artistes connus dans les années 80 !
Une fois le vieux portail rouillé de Street Art City passé l’expérience peut commencer
On y arrive par une petite route de campagne ; et le voisinage est plus bestiaire qu’humain ! Une vieille porte métallique se présente à vous et une personne de l’équipe vient vous ouvrir ; elle vous propose les 2 tarifs existants. Vous explique où vous garer et autres petits détails techniques et vous remet un plan des lieux avec les noms des artistes. La visite peut commencer !
Je choisis de faire les extérieurs en 1er et profiter de quelques rayons de soleil. Très vite je découvre des bâtiments délabrés, et surtout le plaisir de n’avoir personne sur le dos pendant la visite. Street Art City est au milieu des champs et je l’avoue c’est bien la 1ère fois de ma vie que je vois du Street Art en entendant des vaches !
Ma sélection de 9 fresques murales pour vous donner une belle idée du Street Art que vous y découvrirez
Comme à mon habitude pour les balades Street Art, je vous ai fait une sélection des œuvres que j’ai préférées et qui pour moi illustrent bien les différents types d’artistes qui se sont exprimés dans les lieux. Et puis si je vous postai tout, vous n’auriez plus rien à découvrir en y allant! Avec cette sélection vous serez étonné par le mélange des styles, des techniques et aussi le côté international de Street Art City.
Le regard de l’enfance vu par SEF, artiste Péruvien
Ce mur gigantesque est l’un des premiers que l’on voit en rentrant à Street Art City. J’ai tout de suite été saisie par le regard de cet enfant et le travail de l’artiste qui avait joué avec les différentes textures du mur. On a l’étrange sensation que cet enfant va nous sauter dessus ! Cette fresque d’une grande qualité est réalisée par l’artiste Péruvien SEF.01 ; un artiste discret sur lequel vous ne trouverez pas grande chose sur Internet. Les enfants sont pour lui symboles d’innocence, de pureté et de liberté. Il peint habituellement dans des villes marquées par la guerre afin d’amener espoir et amour aux peuples meurtris. On retrouve tout de même certaines de ses fresques à Anvers, Milan, Paris,…
Un remake d’Alice au pays des Merveilles par deux artistes talentueux !
Dire que ce travail à quatre mains est talentueux est un euphémisme ! Ce mur est tout simplement scotchant ! On y retrouve une Alice réalisée uniquement à la bombe aérosol par l’artiste Américaine BKFOXX qui se retrouve plongée dans l’univers de ZESO, qui est pour moi la mascotte de Street Art City, tellement il a œuvré là-bas. BKFOXX est une artiste « puriste », elle n’utilise jamais de pinceaux, pas de pistolets à peinture et encore moins de pochoirs. Elle réalise des peintures murales photoréalistes dans le monde entier. On retrouve son travail à Brooklyn, Londres, Bordeaux, Paris (sur Le mur Oberkampf il y a quelques mois). Quant à ZESO c’est un artiste Lyonnais, qui est aussi un grand nom de la scène New-Yorkaise ! Hé oui il a vécut 10 ans illégalement aux Etats-Unis et s’est illustré dans le monde du graffiti ! Pour notre plus grand bonheur il s’est fait gentiment « reconduire à la frontière » et ait resté toute une saison en résidence d’Artiste à Street Art City… Je pense qu’il a plus que contribué au succès grandissante du lieu !
Quand le « Blaze » d’un graffeur et des personnages de BD font bon ménage !
Les enfants qui visitaient les lieux en même temps que moi ont eu l’air d’adorer retrouver leurs personnages de BD préférés ! Il faut dire que ce mixe entre la panthère rose, cochonnet, rapetou avec la signature graffée de SOTEN fonctionne très bien. Cet artiste Danois est sans aucun doute un des rois du graffitis. Il passe sa vie entre Copenhague et New-York et personne ne sait combien de Typographies il a pu inventer tellement elles sont nombreuses ! Sur cette simple fresque son nom « soten » apparaît sur 7 graffitis avec des typos différentes.
Le visage géant de l’enfant travailleur par Ted Nomad
Il a le regard profond, un lourd outil sur l’épaule ; on pourrait l’imaginer sortant d’une mine ou cassant des cailloux ! Le regard de cet enfant est profond ; la fresque monumentale et il s’agit d’un pochoir géant ! Des semaines de préparation, une semaine pour la réalisation finale ; le temps qu’il aura fallu à Ted Nomad pour réaliser ce visage. Cet artiste de Mâcon réalise des visages connus ou inconnus au pochoir ; chaque pochoir est unique et chaque visage vous parle, souvent avec tristesse. Il a aussi réalisé une chambre dans l’hôtel 128, que je ne vous dévoilerais pas… Vous verrez si en fin d’articles vous avez envie de vous promener à Street Art City et d’en découvrir plus !
OJI : un travail autour de l’architecture imposée
Je vous avais déjà parlé d’OJI dans mon article sur le Bushwick Collective. A la différence de beaucoup d’artistes qui recouvrent les murs de leurs œuvres sans utiliser les formes de ceux-ci; OJI s’en sert ! Ses deux fresques de Street Art City sont très parlantes ; il renforce les lignes autour des fenêtres, utilise la technique du ravalement en trompe l’œil,… Un Street artiste français étonnant qui pour chaque fresque délivre son propre message. À droite : « À grimper encore et toujours l’individu s’isole. Il nous faut apprendre à redescendre sur terre. ». À gauche : « Un regard qui s’échappe à travers les barreaux de nos vies qui entravent souvent la joie simple ». Vous l’aurez compris pour cet artiste Parisien, le thème de l’emprisonnement, de l’empêchement est une récurrence dans son travail.
Carolina Pepe, les portraits de l’émotion
J’ai choisi de vous présenter le travail de cette artiste d’Argentine ; car il m’est arrivé un drôle de truc lorsque j’ai posté la photo sur Instagram ! Une bande de « haters » a commencé à critiquer son travail, la critiquer personnellement et parler de son enfance difficile en Argentine. De plus certains m’ont menacé si je ne retirais pas le post ! Vous avez bien lu ! Mais quel artiste ne se sert pas de son vécu au travers de ses œuvres ? Justement l’art de Carolina Pepe est une exploration du monde intérieur et de la nature complexe des émotions. À travers ses femmes à un seul œil, elle souligne comment un individu définit sa perception de la réalité. Cette fresque est saisissante, la douceur des personnages, l’effet miroir qui donne à voir deux yeux et la végétation qui court sur le mur. Une fresque puissante et poétique à la fois !
Bling Bling, Groovy et style sexy pour cette fresque d’une Street artiste Japonaise
Le grand écart ! Pour le coup on change carrément de style. D’inspiration Hip Hop cette fresque de la Japonaise Shiro réunit un grand nombre de codes du Street Art. On se croirait projeté dans le Bronx avec graffitis, boombox, pepettes exubérantes, baskets de rigueurs et j’en passe. Cette artiste Japonaise a une étonnante personnalité ! Au Japon elle est nurse et sa mère ne comprend pas très bien ce qu’elle fait quand elle peint aux quatres coins du monde. Hé oui, vous l’aurez compris, Shiro est une artiste plutôt reconnue ; à New York elle est très proche de la Team de Tats Cru qui vient de faire la fresque du mur iconique de Bowery. Cette artiste a une pêche d’enfer et les galeries commencent à se l’arracher ! Une chance pour nous elle préfère toujours peindre sur des murs !
Un visage graffité pour la plus haute fresque de Street Art City
Ceux d’entrevous qui connaissent un peu le monde du graffiti auront tout de suite reconnu la patte de SNAKE. Il est une figure du graffiti depuis quelques années et comme beaucoup d’autres cache son visage ! Il se définit comme un « calligraphe moderne ». Bien sûr il est issu de l’univers hip-hop des années 90 et pour lui les graffitis ne peuvent être que monumentaux ! Ce Toulousain est l’un des rare graffeur à vivre de son travail et sans complexe il collabore avec de grandes marques de voitures, des chefs étoilés, des architectes ! On peut trouver cela bizarre, mais SNAKE comme beaucoup d’autres graffeurs est passé par la case prison pour dégradation et il estime qu’il n’aurait jamais pu faire ces belles rencontres si il était resté dans le système de l’illégalité.
Aéro, l’artiste qui rend hommage à son grand-père
Ce visage ridé, ces mains fripées, ce bonnet de marin, la barque qui s’éloigne,… Ce mur en noir et blanc est frappant par la douceur de son interprétation. Alors cela ne m’a pas étonnée quand j’ai appris que cet artiste Rennais avait rendu hommage à son grand-père. Aéro est un artiste étonnant ; il a lâché ses pinceaux en 2002 et a parcouru le monde comme cuisinier ! Rentré à Rennes pour se rapprocher de sa famille, il a abandonné définitivement la cuisine en 2017 pour retourner à son premier amour ; le graff’ et les aérosols. Figure locale de la ville de Rennes ; il est aussi une figure montante de la scène Street Art Française. À surveiller de très près !
J’espère que ces 9 réalisations vous donnent déjà une idée globale de ce que vous pouvez découvrir à Street Art City. Mais en fait, ce sont plus de 80 fresques murales que vous pourrez découvrir à l’extérieur de Street Art City. Si vous n’avez que 2 ou 3 heures, vous aurez le temps de tout voir pour 12 euros ! Mais franchement, quitte à aller en pleine campagne et faire de la route, je vous conseille de continuer le parcours en visitant l’hôtel 128, et au final, de passer votre journée sur place. Je vous invite à poursuivre cette visite dans le cœur de Street Art City : l’Hôtel 128 ! Et bien sûr, vous trouverez dans cette seconde partie, mon verdict final sur ce lieu plus qu’étonnant ! Si vous voulez vous y rendre sans lire la suite, vous trouverez tous les renseignements utiles sur le site de Street Art City !
Si vous souhaitez découvrir d’autres lieux étonnants où le Street Art est roi; faites une ballade dans la rubrique Culture de mon blog. Vous devriez trouver votre bonheur !
N’habitant pas très loin, j’y suis allée 2 fois, la 1ère par curiosité, je n’avais le temps de faire que les extérieurs, la 2ème pour faire la totale : on y est resté 6h pour tout faire avec les expos, la galerie.
La visite de l’hôtel est stupéfiante ! Equipé d’une lampe frontale, vous passez de chambre en chambre (94 d’investies sur les 128), seul et vous vous laissez surprendre.
Il est vrai que pour tout faire, il faut vraiment y passer la journée ! J’ai justement prévu un second article pour la visite de l’hôtel 128. Je suis certaine que les plus sceptiques auront une furieuse envie d’aller enfin visiter Street Art City !;-)
Un vrai plaisir pour les yeux 👍
Merci 🙏 La suite de l’article sera prête mardi; la visite de l’hotel 128 au cœur de Street Art City devrait vous plaire 😉